Me voilà confier la lourde tâche d’introduire nos deux journées de travail dans le cadre de la tenue de cette deuxième conférence du Comité régional Cgt AURA. Exercice difficile quand on sait que la tonalité que l’on peut mettre dans cette introduction à nos travaux peut avoir une influence sur la teneur des débats qui vont nous animer jusqu’à vendredi en fin de matinée.
Et en même temps une belle première expérience personnelle car comme vous le savez certainement, notre Union Départementale va accueillir le prochain Congrès confédéral en mars 2023. Ne m’en voulez pas si je commence par une entrée en matière digne d’une cérémonie des césars, mais il est d’usage de commencer par remercier celles et ceux qui permettent la construction de ces moments essentiels dans notre organisation.
A commencer par vous mes camarades… Par votre présence et votre engagement, vous permettez l’organisation de débats autour des thématiques proposées dans le déroulé de ces deux journées et qui nous manquaient cruellement après plus de deux années de pandémie dont nous ne sommes pas sur d’être débarrassé au regard du nombre de
désistements de dernières minutes. On va pas se mentir, la visioconférence c’est sympa mais le côté fraternel a bien du mal à passer dans les tuyaux d’émile.
Ce moment de retour à des échanges en présentiel, malgré notre éloignement du quotidien dans cette grande région, n’aurait pu se faire sans l’accueil du CMCAS de Super Besse et de toute son équipe que je tiens au nom du Comité régional Cgt à remercier ici. Petit coup de frayeur hier mais nous voilà tout de même réunis. Un grand merci également à l’ensemble des invités qui nous font l’honneur de leur présence et qui ne manqueront pas
j’en suis sur d’intervenir dans nos échanges.
Sandrine Mourey Membre de la Direction Confédérale et secrétaire régional Bourgogne Franche Comté
Thomas Vacheron Membre de la Direction Confédérale et membre du bureau de la FD THC
Thierry Gourlay responsable du pôle territoires confédérale et Jean François NATON conseiller au Pôle territoires et membre du CESER
Jean -Michel GOURGAUD, jeune retraité de la Poste et heureux de l’être après avoir assuré jusqu’en décembre dernier la responsabilité de SG de l’UD de la Loire
Daniel Blanc Brude, Bruno Bouvier et Serge Brugière , militants ayant tous les 3 assumés la responsabilité de secrétaire régional au sein des comités régionaux RA pour Daniel et Bruno et Auvergne pour Serge
Christine CANALE et Mylène CHARRE, toutes deux ayant occupés des responsabilités au sein du secrétariat du comité régional RA
Un remerciement également à nos partenaires présents aujourd’hui qui sont à votre écoute dans les moments de pause et en dehors de nos échanges pour vous informer et vous conseiller dans le respect des valeurs que nous portons collectivement. Je les cite en espérant ne pas commettre d’impair
– APICIL
– UP – CHEQUES DEJEUNERS
– EMERGENCES
– SECAFI
– MUTUELLE DE FRANCE UNIE
– ACL-ALTS-SAVATOU-LCE -ULVF : questionnaire à remplir avant ce soir dans les sacoches avec un tirage et séjour à gagner
– INDECOSA
– MACIF
– TOURISTRA (tombola au stand avec séjour à gagner)
– et bien entendu la NVO
Spécial dédicace à “vins et propriétés” qui va nous permettre d’éviter toute déshydratation pendant ces deux jours car je vous le rappelle, nous ne sommes pas les seuls à profiter de ces beaux paysages et le bar du 1er étage n’est pas mis à notre disposition exclusive pendant ces deux jours. Au passage, vous retrouverez les règles de vie de la conférence dans vos pochettes, prenez en connaissance si ce n’est pas déjà fait avant le début de l’apéritif fraternel prévu ce soir. “Vins et propriétés” organise une dégustation au stand-bar avant le dîner, avec une tombola. Un petit buffet réservé par le Comité Régional, accompagnera ce moment convivial.
Et enfin je remercie mes camarades de mon Union Départementale (des bises au passage à Antoine) qui je n’en doute pas ne manqueront pas de vous montrer que le Puy de Dôme sait accueillir dans la fraternité et la convivialité qui est parfois caricaturé par les médias lorsque l’on parle de nos volcans.
Je vais vous éviter une présentation ennuyeuse de notre département, Wikipédia sait mieux le faire que moi. Je reprendrais juste une définition qui m’a fait sourire et qui caractérise plutôt bien l’actualité que nous venons de traverser dans notre activité militante :
Le Puy-de-Dôme est un département du centre de la France situé dans la région administrative Auvergne-Rhône-Alpes. Son nom lui vient du volcan endormi : le puy de Dôme.
Comme on disait dans la campagne promotionnelle des Eaux de Volvic : un volcan s’éteint, un être s’éveille… Et c’est avec une certaine fierté que nous pouvons reprendre à notre compte cette formule en disant : un volcan s’éteint, un militant se relève… Pardonnez moi la métaphore un peu facile aujourd’hui mais je tiens à mettre en lumière une nouvelle fois la victoire des anciens salariés de l’usine Luxfer qui malgré les annonces publiques de reconstruction d’une usine 4.0 n’en ont toujours pas fini dans leur combat… Cette réussite s’inscrit dans le temps long et restera dans les mémoires comme une démonstration de la capacité à mettre en oeuvre la force de notre organisation dans la volonté de maintenir des activités essentielles à l’intérêt général. Axel et les anciens salariés, avec l’aide de toute la
force de la structuration de la Cgt, démontre si nous n’en étions pas encore convaincus que l’intelligence et la combativité de celles et ceux qui produisent les richesses sont les plus à même d’être les forces de propositions au service des besoins des populations en territoire… Reflet de notre double besogne qui est de répondre aux attentes directes des travailleuses et travailleurs et de transformer la société. Ils n’ont rien lâché pendant 1173
jours de combat. Cette lutte, c’est avant tout une victoire de toute la Cgt.
Le combat des ex salariés Luxfer démontre les limites d’un système néolibéral, orchestré par des années de choix politiques pris dans l’intérêt d’une minorité d’individus égoïstes et dépourvus d’humanité… Qui ne pensent qu’à faire grossir leur capital, au détriment d’une majorité de travailleuses et de travailleurs plongeant petit à petit dans la précarité. La crise liée au coronavirus a mis en lumière la faiblesse de notre appareil productif, totalement incapable de répondre aux besoins élémentaires.
Du syndicat à la Confédération, c’est bien ce travail transversal, coordonné avec l’ensemble des structures territoriales dont notre Comité régional fait parti, qui a permis d’envisager de maintenir des emplois et par conséquent de la vie, de l’activité social et économique autour d’un bassin en souffrance et condamné à devenir une cité dortoir à proximité d’une grande métropole. Des réunions régulières entre professions, structures territoriales, avec prises de notes, comptes rendus et décisions mises en œuvre ont permis de se sortir des différentes situations de blocages que nous avons pu rencontrer. Un grand merci à l’ensemble des camarades qui ont participé à cette réussite, tout particulièrement aux camarades de l’équipe sortante du Comité régional Cgt Aura qui se sont investis dans cette lutte exemplaire à plus d’un titre. Et un salut à nos camarades de la SAM qui sont en train de vivre les mêmes moments que nous avons pu traverser durant ces plus de deux années de combat et qui continuent à montrer l’espoir dans cette actualité trop souvent remplis de mauvaises nouvelles.
Et c’est bien cela qui nous anime aujourd’hui dans le cadre de cette conférence régionale autour des thématiques de vie, de travail, de réponses aux besoins essentiels.
Le travail n’est pas une marchandise et l’humain n’est pas une variable d’ajustement. La voix des salariés de Luxfer et de toutes celles et ceux qui travaillent doit être écoutée. Nous exigeons des droits nouveaux pour vivre dignement, redonner du sens au travail et qu’il soit reconnu à sa juste valeur, quel que soit la profession, le statut, le niveau hiérarchique.
Nous ne devons plus être dans une stratégie de résistance pour le maintien de nos droits et garanties collectives. Le jour d’après doit être une stratégie de conquête sociale. Nous devons redonner confiance dans l’action collective et construire toutes et tous ensemble les mobilisations à venir pour faire entendre nos propositions et revendications. Il n’est pas utopique de penser que la réduction du temps de travail, que l’augmentation des salaires et l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, mais également un nouveau statut du travail salarié et la création d’une sécurité sociale professionnelle peuvent générer la création d’emplois qui permettront de financer et de développer des services publics de qualité répondant aux besoins essentielles des populations.
La Cgt l’affirme depuis longtemps, l’implantation des services publics peut garantir l’aménagement et le développement des infrastructures nécessaires à la reconquête industrielle. Et réciproquement, les emplois ainsi développés et pérennisés permettront d’apporter les moyens financiers nécessaires à la création d’un schéma territorial de renforcement des services publics qui échappent à toute logique de marché et répondent aux besoins dans l’éducation, la formation, l’action sociale, la santé, la justice, la sécurité, l’emploi, le logement, les transports, l’énergie, l’eau, la culture, l’information et la communication. La nouvelle usine baptisée les Forges de Gerzat, qui je l’espère verra le jour d’ici quelques mois, sera la point de départ d’un nouveau cadre social et économique en
mettant en lumière des priorités nouvelles permettant de constituer de nouveaux pôles publics dans les secteurs stratégiques au service de l’intérêt général.
Nous ne sommes plus qu’à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle et le bruit des bottes n’a jamais autant résonné depuis la fin de la seconde guerre mondiale. A en croire les sondages, l’abstention va une fois de plus battre des records et bien malin celui qui pourra dire à quoi va ressembler le second tour de cette élection qui n’aura connu de campagne que le nom. A moins d’un miracle, le progrès social ne sera pas au rendez-vous ce dimanche si l’on prend la peine de lire les programmes des potentiels futurs candidats ou candidates à ce second tour. Le libéralisme et le capitalisme ont encore de beaux jours devant eux.
Face à cette montée d’influence et de banalisation de ces partis que je qualifie ici de fascistes, il est important de rappeler constamment autour de nous que les valeurs du syndicalisme sont totalement à l’opposé de l’idéologie véhiculée par les extrêmes droites. Leurs représentants se présentent souvent comme quelque chose de nouveau. Mais si la vitrine change, la boutique reste la même. Il nous faut montrer que dans l’histoire, les extrêmes droites ont toujours divisé les travailleuses et travailleurs entre eux. Ce n’est pas une opposition entre le capital et le travail qui les anime car ces partis sont au service du capitalisme et du patronat.
L’indépendance du syndicalisme n’est pas synonyme de neutralité. Notre position doit être claire, nous devons rester fidèle à nos valeurs et ne jamais remettre en cause nos fondamentaux, tout particulièrement dans nos entreprises et services. La bataille des idées se mène avant tout sur les lieux de travail. Démonstration est faite que l’intervention des travailleurs et des travailleuses est indispensable et que cela pèse dans le débat public. Il est donc important que le monde du travail s’empare de ce moment démocratique que sont les élections, à commencer par l’élection présidentielle ce dimanche 10 avril 2022.
Il n’y a pas de véritable démocratie politique sans démocratie sociale, sans intervention du monde du travail.
Le mouvement social s’affaiblit, c’est un constat et notre Cgt n’est pas hermétique à cet état de fait. Mais nous pesons sur les débats politiques. L’exemple le plus récent est la réorientation des débats sur les questions sociales depuis le début de la campagne présidentielle. Il n’y a pas de fatalité et nous devons continuer à mener notre rôle dans les
institutions, y compris à l’échelle régionale pour continuer de transformer la société en restant dans notre rôle de syndicat.
Dans cet horizon teinté de brun et qui je l’espère ne va pas finir de s’assombrir dans les prochains jours, la guerre en Ukraine aggrave les conséquences économiques et sociales dues à la crise sanitaire qui a frappé l’ensemble des peuples depuis plus de deux ans maintenant. Du fait de l’interdépendance entre la Russie et l’Union européenne, certains pays sont directement affectés par les retombées du conflit sur le prix de l’énergie et des matières premières industrielles et agricoles.
La Russie et l’Ukraine font partie des chaînes d’approvisionnement internationales des entreprises, la guerre risque de contribuer à des pénuries qui affecteront la production industrielle et agricole. Après la Covid, le conflit met en lumière l’interdépendance des États pour les matières premières. Et qui va une fois de plus subir les conséquences et devoir payer la facture : les peuples…
Les inégalités vont une fois de plus continuer de se creuser et ce n’est pas les promesses annoncées par les deux premiers présidentiables qui risquent de résoudre cette logique implacable. Les annonces faites par Macron ce weekend lors de son meeting dans la plus grande salle d’Europe ne sont que de vulgaires miettes censées calmer les ardeurs de coléreux qui se voient déjà réinvestir les ronds points. Ce qui doit nous amener à réfléchir aux raisons qui poussent une majorité grandissante de femmes et d’hommes à délaisser ce moment de vie démocratique comme celui que nous allons vivre dimanche. Promesses non tenues, paroles politiques et élus déconnectés de la réalité… Notre gouvernement n’est plus constitué que par des technocrates qui ne savent même pas le prix d’une baguette de pain lorsqu’on leur demande sur un plateau télé. On les caractérise vulgairement comme des élites et cette notion fait le jeu des partis d’extrêmes droites qui se revendiquent comme la force politique qui combat ces élites… Le système
comme ils aiment à dire…
Et malheureusement, pour un grand nombre de travailleuses et de travailleurs, les syndicats font partie de ces élites. Et c’est bien normal de penser cela quand on voit que dans la presse, certains responsables syndicaux de fédérations ou de structures territoriales préfèrent critiquer le secrétaire général de la Cgt pendant que des bombes pleuvent en
Ukraine et tuent des enfants. Je ne sais pas vous mais j’ai personnellement ressenti un mal être à la lecture de ces articles…
Ces deux jours de travaux, dénués de tout enjeu statutaire sont l’occasion de renouer dans ce travail collectif et dans cette intelligence commune qui caractérisent les militants en responsabilité que nous sommes. Ils sont l’espace d’échanges et aussi parfois de pauses dans nos difficultés du quotidien dans nos activités pour se dire les choses en toute fraternité et pour essayer de conjuguer la difficile tâche de croiser nos revendications professionnelles et nos structures territoriales qui composent et font vivre notre structure régionale.
Alors encore une fois, avant de laisser la parole aux actrices et acteurs qui ont su animer durant ce dernier mandat l’activité Cgt de notre grande région, je vous remercie de votre présence et vous souhaite une très bonne conférence régionale.
Vive la Comité régional Cgt Aura, vive les luttes et vive la Cgt.
Merci pour votre écoute, votre attention et je laisse la parole a Daniel Blanc Brude, ancien secrétaire régional AURA qui va rendre hommage à Bernard Chartron.