Notre Conférence Régionale se situe au cœur de la préparation de notre 50ème Congrès Confédéral.
La crise profonde du système capitaliste
Elle se tient également dans une actualité sociale marquée par la négociation bien mal appelée « sécurisation de l’emploi » et un accord que notre organisation syndicale a combattu et entend continuer à combattre au cours des prochaines semaines. Nadine PRIGENT reviendra dans la Conférence sur le contenu de cet accord et sur les décisions prises par la Confédération pour une démarche syndicale permettant d’imposer par la loi une toute autre approche de l’emploi et de sa sécurisation.
Que ce soit au niveau international (avec la situation à laquelle tout le monde pense en Algérie et au Mali notamment) ou au niveau national, ce début d’année 2013 confirme la crise profonde du système capitaliste, crise systémique entrainant le renforcement très significatif de la précarité, de la pauvreté, du chômage, des difficultés à joindre les deux bouts.
Les stratégies patronales et gouvernementales se rejoignent pour poursuivre une logique de baisse de la rémunération du travail au nom de la compétitivité avec une nouvelle envolée des exonérations des cotisations sociales des entreprises. Quelques mois après un changement de majorité politique pour lequel la CGT s’est fortement investi, le Président de la République, la majorité ont choisi de poursuivre une logique libérale. Cette politique gouvernementale provoque désillusion, repli sur soi, parfois défaitisme mais également colère et volonté de trouver des voies alternatives.
Enfin, il convient de souligner la nocivité de la stratégie européenne, avec une politique d’austérité, de diktat inacceptable de cette institution pour tordre le coup à toute mesure sortant de la sacro-sainte règle de la concurrence libre et non faussée. Une politique européenne aux dégâts incommensurable notamment dans les pays du sud de l’Europe au risque d’un rejet massif de l’idée même de l’Europe, au risque du développement des thèses d’extrême droite, du racisme, du rejet de l’autre.
Les éléments d’appréciation de la situation politique économique et sociale sont connus et largement partagés dans notre organisation.
Un syndicalisme conquérant
Le document d’orientation du 50ème Congrès les développent largement et nous proposent des objectifs permettant de construire des ambitions revendicatives, un syndicalisme conquérant, une démarche syndicale pour imposer des choix radicalement différents, mettre le social, le travail au cœur de toutes les stratégies économiques et sociales.
Notre responsabilité de militantes et militants CGT consiste bien à permettre au maximum des adhérentes et adhérents CGT à participer au débat préparatoire du 50ème Congrès pour être ensemble plus fort, pour développer notre syndicalisme de transformation sociale.
Notre organisation se donne de nombreuses ambitions revendicatives, veut gagner de très nombreuses forces syndicales nouvelles, s’organiser de façon significative notamment dans des secteurs aujourd’hui en déficit de vie syndicale. Nos ambitions revendicatives et nos ambitions pour une syndicalisation beaucoup plus significative peuvent s’appuyer sur divers éléments de confiance.
La CGT, petitement, trop faiblement certes, mais durablement depuis plusieurs années, gagne des forces nouvelles. En Rhône-Alpes, nous sommes aujourd’hui plus de 71.000 adhérents pour l’année 2011 avec une progression dans nombre de départements et de professions. Le score réalisé par notre organisation lors du scrutin concernant les salariés des TPE confirme notre place de 1ère organisation de ce pays.
Ces résultats, fruit du travail militant de proximité des syndicats, des Unions Locales, des Unions Syndicales, des structures professionnelles et interprofessionnelles retraités, nous confirment dans notre choix d’un syndicalisme de contestation, d’action, de propositions et de négociations.
Nos initiatives de luttes professionnelles, interprofessionnelles doivent être valorisées. Du dossier retraite à celui de la politique industrielle, de la défense des libertés syndicales aux mobilisations pour l’emploi – les salaires dans le public et le privé, du combat contre l’extrême droite et toutes les discriminations à celui du droit à la santé, ce sont des centaines d’initiatives qui auront rythmé l’actualité sociale depuis 2009 et la tenue de notre dernière Conférence Régionale.
Je voudrais insister sur quatre points d’actualité.
Le syndicalisme rassemblé malgré les difficultés
Le 1er point concerne l’enjeu du syndicalisme rassemblé, objectif que le document préparatoire du 50ème Congrès réaffirme avec force. Ce concept qui date désormais d’une quinzaine d’années se trouve, me semble-t-il conforter par toutes les actions unitaires au sein des entreprises, des branches, des territoires, du pays, de l’Europe et au niveau mondial.
Les difficultés unitaires de la période actuelle notamment après l’accord sur la sécurisation de l’emploi doivent être prises en compte naturellement et il faut savoir affronter et dénoncer comme nous le faisons d’ailleurs, les mauvaises décisions de différentes organisations syndicales.
Mais la démarche unitaire à tous les niveaux doit demeurer notre objectif. Les salariés, les retraités, les demandeurs d’emplois souhaitent l’unité des organisations syndicales. Ils apprécient de fait la démarche de notre organisation syndicale.
C’est dans la confrontation des idées, dans un syndicalisme qui sait conjuguer le refus et les propositions, qui rassemblent, que nous pouvons obtenir un rapport de force permettant d’inverser le cours des choses, de favoriser des alternatives aux logiques libérales.
Un objectif revendicatif : le développement humain durable
Le 2ème point sur lequel je souhaite insister est celui du développement humain durable.
La région CGT s’investit pleinement dans cet enjeu revendicatif. Avec notre outil économique et de recherche, l’ADEES Rhône-Alpes, nous travaillons notamment sur l’anticipation des mutations, que celles-ci concernent la production, le travail, la place du territoire. Transition énergétique, enjeux environnementaux, rénovation de l’habitat, développement des transports collectifs, rôle des politiques publiques, place de la recherche et de l’innovation, reconnaissance des qualifications, ambition renouvelée pour les services publics, bien-être au travail et nouveaux droits pour les salariés constituent un ensemble d’éléments déterminants pour faire vivre notre revendication du développement humain durable.
Apprécions le fait que nombre d’UD, d’UL, de branches professionnelles, de syndicats s’investissent dans ce travail depuis maintenant près de deux ans. Apprécions le fait que nous intervenions à tous niveaux pour que les politiques publiques contribuent à ces différentes ambitions.
Pour une nouvelle démocratie sociale et citoyenne
Le 3ème point sur lequel je veux insister, la démocratie sociale.
Voici 30 ans, se discutait et se votait au Parlement les lois AUROUX, marquant une vraie avancée à l’époque pour les salariés et leurs représentants syndicaux.
Aujourd’hui, d’autres droits doivent être négociés et donner lieu à de nouvelles lois pour permettre aux salariés et à leurs organisations syndicales de peser sur les stratégies des entreprises du privé comme du public. La Confédération a édité un document très conséquent ces derniers mois.
Le Président de la République, le Gouvernement, la Majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat doivent prendre leurs responsabilités et s’engager résolument dans une nouvelle approche de la démocratie sociale et citoyenne.
Les lieux stratégiques de décision des entreprises comme des administrations et entreprises publiques se sont déplacés bien loin désormais des IRP classiques (DP – CE – CHSCT).
Les entreprises éclatent en plusieurs morceaux. Des sites industriels, commerciaux, administratifs se constituent sans aucun droit pour les salariés notamment en terne de CHSCT de site, de reconnaissance des syndicats de sites.
Ce qui vaut pour le champ syndical, vaut également pour la démocratie citoyenne.
L’annonce par le Président de la Communauté Urbaine du Grand Lyon et par le Président du Conseil Général du Rhône, d’une nouvelle partition de ce département n’aura fait l’objet d’aucune concertation des différents Elus de la République, des citoyens et des salariés directement concernés.
Nous vivons ces bouleversements dans les entreprises industrielles, dans les grands centres commerciaux, dans la santé, à l’Université, dans les grandes collectivités territoriales, au sein des administrations de l’Etat.
Au nom de la taille critique, des territoires d’excellence, des projets d’excellence, de la compétitivité, les élites décident, les autres, tous les autres doivent se taire et accepter.
Nous devons réaffirmer avec force notre opposition à cette logique et continuer à valoriser nos propositions pour une nouvelle démocratie sociale et citoyenne.
Les enjeux de la décentralisation
Le 4ème et dernier point sur lequel je veux insister concerne la future loi de décentralisation. La CGT Rhône-Alpes travaille ces questions de façon significative depuis 3 à 4 ans avec de multiples initiatives internes et externes. La loi se précise et tout indique que les métropoles seront l’espace désormais déterminant.
Nous intervenons et souhaitons intervenir plus encore dans ce débat citoyen éminemment politique et à forte répercussion économique et sociale.
Je vous propose 4 réflexions centrales pour cet enjeu :
• Une nouvelle loi de décentralisation n’a de sens que si elle accompagne une ambition économique et sociale.
• L’aménagement du territoire, l’égalité, l’équité du territoire et des citoyens doivent demeurer un objectif essentiel.
• Le renforcement de la démocratie sociale et citoyenne avec des droits nouveaux à tous niveaux doit constituer un autre élément déterminant.
• Enfin, la loi de décentralisation va de pair avec une profonde réforme fiscale donnant aux politiques publiques les moyens de répondre à leurs missions.
Le travailler ensemble : axe fort de cette conférence régionale
Lors des trois précédentes Conférences Régionales CGT Rhône-Alpes en 2002, 2005, 2009, les débats et objectifs que nous nous sommes donnés, nous ont permis de partager ensemble le fait que les territoires devenaient des espaces structurants pour construire nos objectifs revendicatifs. Cette analyse fait l’objet désormais d’une approche largement partagée dans notre organisation syndicale réaffirmée dans le document préparatoire du 50ème Congrès.
Nos Conférences précédentes ont acté également les lieux de dialogue social en territoires et la nécessité pour la CGT d’y prendre toute sa place en portant nos propositions. Cela vaut pour la dimension professionnelle et territoriale. Des dizaines de militantes et militants investissent désormais ces différentes espaces.
Enfin, les travaux de notre dernière Conférence nous auront permis un regard critique et une demande très forte d’améliorer significativement notre démarche pour construire ensemble en associant structures professionnelles, territoriales et syndicats à nos initiatives revendicatives.
Nous vous proposons au cours de cette Conférence de pousser nos débats sur le travailler ensemble afin de gagner en efficacité, associer le maximum de syndicats, conjuguer action, déploiement et développement de notre CGT.
La vidéo qui sera présentée dans quelques minutes se donne l’ambition de favoriser le débat de notre matinée autour de cet objectif « construire une ambition revendicative en territoire » en associant le plus grand nombre de structures et de camarades CGT.
Cet après-midi, nous travaillerons en atelier autour de trois enjeux : Notre démarche d’anticipation
Le renforcement de la CGT
Les enjeux liés à la décentralisation
Enfin, demain matin, nous vous proposerons de réfléchir ensemble à la qualité de notre activité syndicale pour s’opposer efficacement aux choix stratégiques des employeurs publics et privés et imposer nos propositions alternatives.
C’est ces différents débats, différentes propositions et préconisations travaillés ensemble qui nous permettront de construire notre feuille de route pour les trois années à venir en fin de matinée demain vendredi.
Dans le prolongement de notre Conférence, une assemblée de jeunes syndiqués et militants CGT permettra de confirmer notre volonté de construire une activité « jeunes » dynamique dans tous les territoires et l’ensemble des professions.
La CGT en Rhône-Alpes peut s’appuyer sur des points forts ; plus de 70.000 adhérents, des animations professionnelles qui s’organisent notamment à l’échelle régionale, des Unions Locales jouant un rôle irremplaçable pour le rayonnement de notre organisation en lien étroit avec leurs Unions Départementales respectives.
Dans nombre de domaines, industrie, services publics, transports, santé, aide à domicile, recherche et enseignement supérieur, discrimination, santé au travail, maintien dans l’emploi des salariés victimes de handicap, formation professionnelle et apprentissage, formation syndicale, relations internationales, activité en direction de la jeunesse, des retraités, des objectifs de travailler ensemble, de mutualiser nos expériences et nos moyens se sont construits pour certains depuis de longues années, pour d’autres de façon plus récente.
Ce capital de confiance et de travail en commun constitue un atout qu’il nous faut confirmer et améliorer. Nos travaux de ces deux jours doivent nous aider à amplifier et améliorer ce travail construit patiemment.
Faire vivre en territoire la démocratie sociale
Notre organisation en Rhône-Alpes a également travaillé pour améliorer significativement la démocratie sociale.
Nous pouvons citer pêle-mêle, la commission de suivi et d’évaluation des aides publiques, les comités stratégiques de filières et de territoires, la construction d’un véritable service public régional de la formation professionnelle, notre action pour gagner un CHSCT de site ou structure équivalente au sein du Centre Commercial de la Part-Dieu, le travail notamment avec la métallurgie pour arracher de nouveaux rapports donneurs d’ordre / sous-traitants, notre présence effective concernant le débat public en territoire sur la transition énergétique.
Notre activité syndicale et parfois en intersyndicale aura trouvé écho auprès du Conseil Régional Rhône-Alpes, notamment pour que se construise des outils de financement au service de l’activité économique et de l’emploi, outil de financement sur lesquels, nombre de syndicats se sont appuyés pour faire progresser leurs propositions alternatives aux stratégies d’abandon des employeurs et ainsi sauver emplois et activité de telle ou telle entreprise.
Un travail s’est également engagé pour que les politiques publiques dans le domaine du tourisme intègre l’ambition du droit aux vacances pour tous au sien de notre région.
Au sein de la nouvelle commission paritaire régionale pour les salariés de l’artisanat, notre action a favorisé la négociation de dispositif pour assurer une couverture sociale de qualité pour ces salariés bénéficiant de très peu de droits.
Au fond, nous avons les uns et les autres contribué à faire vivre en territoire les enjeux revendicatifs de la CGT.
Au cours de ces deniers mois, nombre d’initiatives de nature régionale, nous placent dans une démarche offensive pour l’avenir.
• Le 5 juin, les 1.500 manifestants pour une autre politique de la CARSAT, pour répondre aux besoins des personnes âgées et améliorer le statut des salariés de ce secteur nous permettent d’envisager une nouvelle action plus forte, plus large au cours des prochains mois et nous confortent dans nos exigences sociales et sociétales sur ce dossier. Nous sommes désormais incontournables face aux financeurs de l’Aide à Domicile que sont Conseils Généraux et CARSAT.
• Le 9 octobre, 10.000 manifestants à Lyon pour la reconquête d’une politique industrielle en France et en Europe nous invite à poursuivre ce travail de fond avec la Métallurgie, la Chimie, le Textile, la Plasturgie, l’Energie, pour ne citer que quelques secteurs significatifs en Rhône-Alpes.
• Le 15 octobre et notre présence aux Assises de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur à l’intérieur et à l’extérieur de ces Assises avec un travail conséquent engagé en région pour faire partager les enjeux Enseignement Supérieur et Recherche dans les départements en lien étroits avec les enjeux industriels, le développement économique des territoires.
• Le 15 octobre toujours, avec les Camarades CGT de Roanne pour dénoncer la criminalisation de l’activité syndicale. Nous avons décidé de ne rien lâcher sur ce terrain et d’agir à chaque attaque contre les libertés syndicales. Nous y reviendrons en fin de matinée.
• Le 19 octobre et notre présence lors du Congrès de l’Association des Régions de France, avec les cheminots, l’énergie, la FERC, les services publics, pour rappeler nos exigences de service public, d’aménagement du territoire pour la future loi de décentralisation. Un dossier décentralisation et réforme des collectivités territoriales qui nous a permis de multiplier les initiatives tout au long des 18 derniers mois et ce n’est pas fini.
• Le 5 décembre enfin, notre journée « Ambroise Croizat » lançant de façon significative en Rhône-Alpes la campagne CGT reconquête de la protection sociale.
Nous sommes satisfaits de pouvoir ainsi co-organiser avec le réseau des IHS de Rhône-Alpes, diverses initiatives au fil des années comme celle du 5 décembre à l’Hôtel de Région.
9 IHS dans les départements, et un IHS régional constituent également un atout important pour notre rayonnement CGT.
Le 50ème Congrès CGT de mars 2013 se donne des objectifs forts pour changer la donne, remettre le social, le travail au centre de toutes les décisions stratégiques.
Notre Conférence Régionale peut contribuer à construire cette ambition.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article944