Alors que l’argent public coule à flot pour les grands groupes (CICE, aides européennes, régionales), les suppressions d’emploi se multiplient dans les entreprises auvergnates.
Evoquer la conjoncture économique et sociale peut souvent conduire à se faire reprocher de noircir la situation. Or, aujourd’hui, comment ne pas être très inquiet du devenir des populations de notre Pays et de notre Région. Les conditions de vie de plus en plus dégradées de nos concitoyens ne découlent pas d’une quelconque fatalité mais de choix clairement décidés, par ceux qui détiennent les pouvoirs économique et/ou politique, nous entendons par là les dirigeants des grandes entreprises, des groupes industriels et financiers et des décideurs politiques qui malheureusement de plus en plus les écoutent et sont relativement sourds aux aspirations des salariés.
Au moment où 5 salariés sont scandaleusement mis au pilori suite aux incidents qui ont eu lieu à Air France, la CGT redit que la violence sociale que constituent le chômage qui continue de croître, les licenciements, le Code du Travail qui est attaqué, les conquêtes sociales remises en cause, est porteuse de risques de très fortes tensions dans la société.
La situation économique de notre région continue de se dégrader. Le nombre de demandeurs d’emplois en Auvergne, toutes catégories, à fin août est de près de 116 000. La progression sur un an est de 6,2% pour les catégories ABC, soit 6 074 chômeurs en plus. Compte-tenu du taux de 6% de la masse salariale, d’après l’URSSAF, nous estimons le total du Crédit Impôt Compétitivité Emploi octroyé aux entreprises à plus de 400 millions d’euros pour l’Auvergne, mais nous aimerions bien que des chiffres officiels soient produits, et mis en parallèle avec les chiffres du chômage.
Cice et suppressions d’emplois
Notre région, de tradition industrielle, vit encore des suppressions d’emplois et de nouvelles inquiétudes se font jour. Pour l’entreprise LAFA dans le Cantal car sa reprise ne se passe pas trop bien et 200 salariés sont sur la sellette. Inquiétudes aux ACC à Clermont-Ferrand pour les 320 salariés qui attendent des perspectives de commandes pour la maintenance des voitures, notamment de la RATP. Cette entreprise est la seule en France sur cette activité. Inquiétudes à à l’entreprise Régional pour la maintenance aéronautique, de même à l’AIA avec la remise en cause du statut des salariés. Inquiétudes à Préciturn en Haute-Loire, qui travaille pour l’automobile, à Michelin Blavozy du fait des délocalisations dans les pays émergents. Inquiétudes à Peugeot Dompierre dans l’Allier pour les 700 salariés de la fonderie qui ont appris que l’entreprise devrait passer de la fonte à l’aluminium pour les carters moteurs mais sans doute pas sur le site car l’employeur ne veut pas débourser pour investir. La Direction fait actuellement du lobbying auprès des élus du département pour obtenir des subventions. La famille Peugeot est donc à ce point dans le besoin ? Inquiétudes dans l’est de la Haute-Loire pour les salariés de la plasturgie face à la disparition annoncée des sacs plastiques sans qu’il y ait d’alternatives pour l’instant.
Pour les salariés de l’entreprise de montage électronique Asteel à Domérat dans l’Allier le temps de l’inquiétude est passé puisque c’est maintenant celui du désespoir avec l’annonce de la fermeture à la fin de l’année. Les militants CGT avaient alerté depuis des années sur le fait que faire partir les machines et multiplier les ruptures conventionnelles ne présageait rien de bon. Des « pessimistes » sans doute… 1,6 millions d’euros de CICE perçu par le Groupe, 6000 € par mois d’allégement de cotisations sociales rien que sur le site de Domérat, cela n’est sans doute pas encore assez pour Messieurs les Dirigeants.
Les 250 salariés de la base Intermarché d’Avermes savent aussi qu’ils vont perdre leur emploi. Sans doute que 1,3 million d’euros octroyés par les collectivités locales, le Conseil général, le Conseil Régional, l’Europe à travers le FEDER, en 1999, ce n’était pas là aussi suffisant, comme sans doute les 14 millions d’euros de CICE perçus par les Mousquetaires au niveau national. Un pour tous, tous pour un ? Non, non : tout le fric pour les actionnaires et les licenciements pour les salariés.
MSD Chibret s’apprête à céder son pôle recherche alors qu’il a reçu 3 million d’euros de crédit Impôt recherche. Plusieurs centaines de salariés sont dans l’angoisse.
Goodyear Montluçon : 750 000 € de CICE, pas de personnel en plus. AMIS, toujours à Montluçon : 350 000 € de CICE et pas de personnel en plus.
Adisseo dont le site de Commentry : 728 000 euros de CICE, 7 millions d’euros de Crédit Impôt recherche, pour une entreprise qui a fait 153 millions de résultat net, versé 88 millions de dividendes. Création d’emplois : zéro.
Les salariées des services à la personne dont on sait qu’elles et ils sont 1 million au niveau national vivent aussi des moments difficiles. Celles de BVAD dans l’Allier connaissent des conditions de travail insupportables. 70 au CAPA à Montluçon viennent d’être licenciées, dans un bassin dont le niveau du chômage et la misère grandissante deviennent angoissants. Le bassin de Montluçon est celui qui perd le plus d’emplois dans la région selon les chiffres de l’URSSAF.
Nous entendons souvent citer la grande entreprise Michelin, fleuron de l’économie régionale, et la satisfaction que le siège soit à Clermont-Ferrand. Certes. Mais après les milliers d’emplois délocalisés un peu partout dans le Monde, on ne peut être qu’inquiet des échos lus dans la presse quant à la restructuration annoncée avec impact sur l’emploi.
Suppressions d’emplois dans les services publics
Les agents des fonctions publiques et des entreprises publiques connaissent aussi des inquiétudes. Dans le domaine de la santé, des craintes aux hôpitaux de Craponne sur Arzon et de Langeac, mais aussi à Emile Roux au Puy, sur de possibles suppressions d’emplois. A l’Hôpital de Montluçon, un énième plan social est annoncé, ainsi que la perspective de transfert des activités les plus lucratives à la clinique privée à côté, clinique qui soit dit en passant est propriété d’un fonds de pension et qui vient d’être revendue. Inquiétudes aussi aux hôpitaux de Vichy et Riom sur l’emploi.
On sait les problèmes à la Banque de France avec la filialisation de la papeterie et le risque de destruction des garanties collectives des salariés. Et voilà maintenant que ce sont les Haras d’Aurillac qui risquent de disparaître, semble-t-il dans le cadre d’une opération foncière. Le syndicat CGT des Haras avait alerté il y a plusieurs années quant aux conséquences pour l’avenir même du site de la RGPP et l’abandon de plusieurs missions.
La CGT est intervenue sur la dégradation de l’offre de service ferroviaire auvergnat à l’occasion de précédentes plénières. La réduction considérable de la part de l’Etat consacrée au ferroviaire dans le Contrat de Plan va aggraver encore les choses. Les cars Macron ne sont évidemment pas une réponse d’intérêt général. Déjà, de gros autocaristes étrangers s’engouffrent dans la brèche, comme ce qui se passe dans les transports routiers de marchandises où les entreprises françaises et leurs salariés sont en butte au dumping, social notamment.
Nous revenons à nouveau sur le risque de transfert de plusieurs centaines de postes d’agents publics vers Lyon du fait de la fusion avec Rhône-Alpes et de la centralisation des administrations à Lyon. On parle de plus de 1 000 postes. Les inquiétudes sont également très grandes parmi les personnels du Conseil Régional, dont il semble que certaines missions sont déjà en voie de transfert vers Lyon. Le Président du Conseil Régional a tenté de rassurer, mais comme chacun sait il n’est pas candidat aux élections de décembre. Ses engagements ont donc une portée limitée, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous lui avons déjà dit dans cette salle, vous étiez d’ailleurs présent, je crois, Monsieur Bussières.
La récente autosaisine de notre CESER sur Territoires et Fait Métropolitain avait pointé le danger du départ des fonctions de cadres des fonctions métropolitaines sur l’avenir du pôle métropolitain. La fusion des Régions que la CGT a dénoncée aura bien des conséquences fâcheuses dans beaucoup de domaines, peu de personnes de la société civile disent le contraire aujourd’hui.
Le vrai problème : le coût du capital
Une fois ces quelques exemples cités, les Conseillers CGT tiennent à dire qu’ils ne se résignent pas à la fatalité de la situation. Tout est question de choix. Beaucoup d’entreprises de la région ont un potentiel de développement, notamment les PME, dans de nombreux domaines. La question des aides publiques reste fondamentale car ce sont les entreprises les plus grandes et même les Groupes qui en bénéficient le plus, et elles vont enrichir les actionnaires. Face à la campagne récurrente du Patronat et de beaucoup de politiques qui militent pour la baisse de la rémunération du travail, la CGT redit que cela aggravera les difficultés économiques. Le coût du Capital est le vrai problème.
Développer le potentiel économique peut passer par la pratique des filières industrielles comme par exemple dans l’automobile, de la même manière pour la maintenance ferroviaire, l’aéronautique. La revitalisation des territoires passe par le maintien et le développement des services publics. La CGT propose que ces 2 axes soient priorisés dans le travail du futur CESER dès les premiers mois de 2016.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1064