Déclaration intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CFTC,CGT, FSU, UNSA au bureau du CREFOP du 7 juillet 2020
Lorsque nos organisations syndicales ont demandé la tenue d’un bureau du crefop spécial covid, notre volonté était bien de mesurer ensemble l’impact de la crise sanitaire, économique et sociale en région dans l’objectif de coordonner ensemble nos dispositifs et nos politiques pour sécuriser le parcours de formation, comme professionnel, des jeunes, des chômeurs et des salariés fragilisés.
A partir d’un constat commun, d’une évaluation des dispositifs mis en œuvre pendant la pandémie, nous, Etat, Conseil Régional, Organisations syndicales de salariés et patronales, devons prendre nos responsabilités et jouer pleinement notre rôle pour adapter nos outils, les réorienter et proposer des perspectives à court, comme à moyen terme pour les Auvergnats Rhônalpins.
Pour nous, c’est le sens et la nature même du quadripartisme.
Cette volonté, chaque représentant du quadripartisme l’a exprimé lors du bureau du CREFOP du 22 juin dernier.
Ce bureau du 7 juillet s’inscrit dans cette dynamique. Nous devons donc déterminer aujourd’hui, ensemble, comment le CREFOP se donne une feuille de route à court et à moyen terme, comment les commissions, le plénier y sont associés pour que l’ensemble des acteurs du CREFOP soit force de propositions.
Pour débuter cette séance, il va nous être présenté, comme annoncé par Mme la Vice Présidente à la formation du conseil régional, un projet de délibération intitulé « Pacte rebond pour l’emploi ».
Un projet soumis à notre avis avant un vote programmé demain en assemblée plénière du conseil régional. Cela nous interroge sur le sens et la prise en compte de notre avis. C’est une conception d’un travail partenarial et d’un quadripartisme à l’opposé de ce que nous avons tous affirmé le 22 juin. Car cette délibération acte dans les faits la non reconnaissance des organisations syndicales dans les dispositifs régionaux. Que ce soit pour la gouvernance de pôle emploi, les comités territoriaux pour la formation professionnelle ou au sujet de la mobilité des salariés dans l’axe 3. Quant au Crefop, il serait simplement informé.
Dans le contexte, cette volonté du conseil régional de mise à l’écart des organisations syndicales, comme de faire de tout lieu régional de représentation, comme le CREFOP, une coquille vide n’est plus possible.
Les circonstances bousculent ce type de posture et nous imposent le travailler ensemble à l’image des propositions du plan de relance élaboré au sein du CROCT à partir de l’organisation du travail et de la qualité de vie au travail via un dialogue social avec les représentants du personnel. Il serait d’ailleurs bien que le CREFOP en soit informé et y soit associé.
Au sujet du pacte rebond pour l’emploi, il est construit autour de 5 axes. A la différence de la démarche que nous tentons de construire au sein du CREFOP, en construisant des solutions à partir d’un constat précis de l’impact de nos dispositifs, le pacte régional ne semble pas s’appuyer sur une évaluation précise des outils du conseil régional existants. Ce qui fait qu’il reste très généraliste et n’apporte pas d’éléments financiers détaillés ou de nombre de places en formation offertes aux demandeurs d’emploi par exemple.
Il intègre des dispositifs d’autres partenaires tels que Pôle Emploi ou les OPCO. C’est une dimension plus partenariale qu’une affirmation d’une politique propre du conseil régional avec des moyens. Cela peut être intéressant si c’est effectif et bien concerté avec les partenaires. Mais au vu de la conception partenariale du conseil régional, cela peut aussi être une stratégie d’un moindre investissement de la part de la collectivité et ainsi être un simple effet de communication.
Repositionner la collecte des besoins des publics et des secteurs d’activités au plus près des territoires nous semble pertinent. Nous y retrouvons un peu ce que nous avons connu par le passé avec les CTEF ou COTEF. A la différence que le maillage territorial est plus large et surtout que ces instances se dérouleront sans les organisations syndicales. Les missions présentées sont trop centrées sur le court terme. Les territoires ont aussi besoin de perspectives. La dimension prospective est à développer.
Quant au développement d’une offre de formation courte et flexible avec de l’autoprescription pour certains, elle est basée sur une vision très restrictive et optimiste de la reprise économique. En effet, faire le pari de formations courtes pour rapidement remettre les chômeurs sur le marché du travail ne peut fonctionner que pour une reprise rapide de l’activité. Personne aujourd’hui ne peut le prédire. Les entreprises pour l’instant pratiquent sans modération le licenciement.
C’est pourquoi, il nous semble qu’il faudrait l’assortir d’un plan de formations longues notamment sur des métiers liés aux transitions écologiques, industrielles et sanitaires. Cela permettrait de faire monter en qualification un grand nombre de DE pour les orienter vers les métiers de demain. La place de Transition Pro est d’ailleurs à affirmer dans la construction de cette offre.
Comment ce plan de formation s’inscrit-il dans le CPRDFOP, quel impact sur celui-ci ?
D’autant plus que nous sommes confrontés à une augmentation démographique forte, post 3ème, sur certaines métropoles de la région et à une offre par apprentissage plus qu’incertaine. L’offre de formation en lycée professionnel est donc à développer. Quelles pistes d’ouvertures dans les lycées pro en niveau CAP et Bac Pro pouvons-nous développer en lien avec les transitions ?
Dans cette partie, il serait intéressant d’y voir développer un soutien aux lycées professionnels. Le service public a toujours été en première ligne par le passé pour accueillir les publics en difficulté, comme les apprentis lors de la crise de 2008/2009 en rupture de contrat de travail. La réforme de la formation professionnelle a réduit ses ressources en termes de taxe d’apprentissage. Il serait intéressant de mesurer en région cet impact et de trouver des solutions pour y remédier.
Nous sommes également surpris de voir figurer dans le pacte, les questions de l’accompagnement des entreprises réalisé par les OPCO ainsi que la mise en place de dispositif favorisant le prêt de main d’œuvre, le temps partagé…sans avoir été préalablement consultés. Ces deux derniers sujets sont de la compétence des partenaires sociaux, et notamment soumis à la consultation des CSE pour le dernier.
Au sujet des publics fragiles, l’articulation avec notre engagement régional pour l’emploi des travailleurs handicapés est à développer. Nous proposons de prendre en compte les décrocheurs ainsi que les jeunes ni en études, ni en emploi, ni en formation.
En conclusion, accompagner, sécuriser les parcours professionnels des jeunes, des demandeurs d’emploi et des salariés fragilisés, maintenir en emploi, développer des secteurs d’activités pour répondre aux enjeux de transition écologique, industrielle et sanitaire, construire les qualifications et l’offre de formation en région pour les métiers de demain nécessitent d’être convaincus qu’à quatre, nous sommes plus forts que tout seul. Nos organisations sont dans cette démarche aujourd’hui au bureau du CREFOP mais elles ne peuvent cautionner un texte, comme le pacte rebond pour l’emploi qui renie leur place.
C’est pourquoi, elles se prononceront défavorablement lors de l’avis à donner pour cette délibération et continueront à porter des propositions comme celles mises en débat dans notre déclaration.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1561