Cher-e-s camarades,
Nous arrivons au terme de nos travaux. Dans quelques minutes, Corinne et Françoise salueront les partant.e.s et présenteront l’équipe régionale désignée par les secrétaires généraux d’UD pour le mandat à venir. Puis l’internationale et le chiffon rouge signeront la fin de notre seconde conférence régionale AURA, qui se clôturera par un pot et repas fraternels.
Pour débuter cette intervention, permettez-moi d’adresser quelques remerciements.
Les premiers sont pour vous, mandaté.es à notre seconde conférence régionale AURA. Après ces deux années bien particulières contraintes et empêchées par la covid, le choix retenu de se mettre au vert, ici à Super Besse aura été le bon choix. Je vous vois sourire, mais constatons ensemble mes camarades, que ni la tempête Diego, ni la pluie horizontale, ni le cluster Covid parmi les salarié.e.s du centre n’auront réussi à entraver la tenue de notre conférence. A la CGT on ne lâche rien !
Ces deux journées à Super Besse nous aura permis de nous retrouver, en vrai ! de faire connaissance pour beaucoup d’entre nous, de lier temps de débats et temps fraternels. Ça fait du bien ! c’est important pour le moral, et structurant pour la poursuite de notre engagement qui reste et demeure de travailler à l’efficacité de notre syndicalisme CGT.
En votre nom, remercions tout particulièrement l’ensemble de l’équipe du centre de SUPERBESSE, les salariés de la CCAS et nos camarades CGT mines-énergie. Ils ont su déployer une énergie incroyable pour maintenir la tenue notre conférence alors que l’équipe était réduite de moitié, pour cause de Covid. Ainsi des personnels de Cournon, de Paris sont arrivés dès le 6 au soir pour assurer notre accueil, avec le sourire, disponibilité, leur professionnalisme. Chapeau bas ! Ce sont dans ces moments de crise que l’on mesure en actes, à quel point nos valeurs d’entraide, de solidarité, de fraternité restent et demeurent ancrés dans le tourisme social qu’incarnent ici la CMCAS, la CGT mines-Energie, en ce jour anniversaire, de la création de l’entreprise EDF.
Ensuite, je veux remercier devant vous, notre équipe régionale, sans laquelle, rien n’aurait été possible. L’équipe administrative, Djamila, Francisca, Saadi, le secrétariat régional avec le travail de titan de Françoise à la logistique, sans oublier le collectif préparatoire à la Conférence et nos camarades de l’UD du Puy de Dôme. Elles et ils ont, pas à pas, collectivement et durant des mois, construit, organiser cette conférence régionale dans ses moindres détails. Remercions également l’ensemble des intervenants et des présidences de séances qui ont eu à cœur de faire du bon travail. Vous avez été toutes et tous au top ! Quelle chance de pouvoir travailler avec chacune, chacun d’entre vous !
Tous nos reremerciements également à l’équipe de PALM PROD !
Saluons une fois encore, nos camarades des organismes sociaux et la troupe théâtrale OSERA. Votre travail, votre engagement, permet de conjuguer création théâtrale, éducation populaire et action syndicale.
Un grand salut fraternel et amical à nos invités. Merci enfin à l’ensemble de nos partenaires pour cette conférence.
Mille merci encore à toutes et tous !
J’en viens maintenant au contenu de nos deux journées.
La grande qualité de nos échanges, la richesse de vos interventions, de vos expériences, de votre expertise, ont rythmé ces deux belles journées intenses. Notre conférence, passionnante et passionnée, dans le respect de la culture des débats, se conclue par l’adoption à l’unanimité d’une feuille de route commune enrichie pour les 3 années à venir.
Plus que les axes de travail, à cet instant, je retiens notre volonté partagée d’incarner une CGT à la hauteur de ses ambitions, de ses responsabilités, de ses défis, en renforçant le travailler ensemble : UD, UL, professions et syndicats, sur du temps long, en mode projet.
Notre syndicalisme depuis ses origines, s’est construit au service du monde du travail, pour son émancipation dans une visée de transformation sociale de la société. Dans l’exposition des cheminots pour honorer Pierre Semard, j’ai retenu cette phrase : « Pierre SEMARD agissait avec la préoccupation constante de la transmission et de la formation des militants, qu’il engageait à la lecture et à l’étude du mouvement ouvrier. Dans sa conception de l’émancipation, il associait le savoir et le combat social, l’engagement individuel et l’engagement collectif. » Il avait tellement raison ! Faire conjuguer La confrontation des idées, l’éducation populaire, la formation syndicale, la lecture, l’information et la communication sont les outils dont nous nous sommes dotés pour (re)donner leur pouvoir d’agir aux travailleurs, ce goût de l’engagement pour et dans l’action collective. Héritières, héritiers de notre histoire CGT, c’est tout naturellement que notre feuille de route a retenu ces enjeux essentiels, qui ont parcouru tous nos échanges, pour élever le rapport de force. Equiper pour agir !
En la matière, nous le savons, c’est une œuvre toujours recommencée et nous avons des progrès à faire. Rappelons que plus de la moitié de nos adhérents ne prennent jamais ou seulement rarement part à la vie de leur organisation CGT. C’est bien notre rapport au travail, aux travailleurs, aux syndiqués, aux mandatés qui est questionné.
La qualité de notre vie syndicale, notre structuration sont à (ré)interroger, pour rechercher les solutions dans les syndicats, avec les syndiqués, pour être toujours plus proches du monde du travail, pour être plus utiles et efficaces.
D’autant que les évolutions liées au rôle des territoires, nous l’avons vu hier, à l’exemple de la loi 3DS, porte un nouveau coup, à l’égalité d’accès au service public et à l’aménagement du territoire, mais plus généralement sur le rôle, la place de l’Etat. Cette loi est conçue pour accroitre la mise en concurrence des territoires et le monde du travail, au sein d’une même région et entre territoires, au nom de la réindustrialisation, du plein emploi, de l’attractivité et du développement des territoires. Le pognon de dingue des plans de relance et des différents dispositifs se retrouvent, vous l’avez exprimé, au cœur d’une même stratégie, celle du capital, au service exclusif de ses intérêts. On perçoit ainsi plus clairement, comme l’a souligné Thierry Gourlay, l’enjeu des nouvelles formes de travail, des contrats précaires à l’ubérisation du marché du travail, au retour des tâcherons, en dehors des règles collectives, du code du travail en abolissant les statuts, les conventions collectives à l’exemple des cheminots, des fonctionnaires, de la métallurgie et de bien d’autres. Alors oui, nous avons besoin d’incarner davantage notre ambition d’un nouveau statut du travail salarié.
Notre syndicalisme de transformation sociale s’est développé dans et par la prise en compte du réel des situations de travail. Aussi c’est dégagé de toute conciliation avec le système que nous combattons, que nous devons situer notre démarche revendicative qui articulera comme nous l’avons fait durant ces deux jours, dans l’entrelacement de l’expertise du réel et de l’expertise académique. Comme nous y invite Lionel, croyons davantage en nous- même en notre intelligence collective, notre pouvoir d’agir. Alors, oui, le croisement des savoirs est essentiel comme notre syndicalisme de classe l’a toujours appréhendé : Analyser pour comprendre, contester, proposer et prendre appui sur les contradictions du système en faisant surgir le réel, la parole des travailleurs, leurs revendications, leur expertise pour porter d’autres choix : Transformer les situations de travail pour transformer la société, notre modèle de développement. Et comme vous en avez témoigné durant nos deux jours. Les préoccupations et les propositions ne manquent pas pour produire autrement, mieux en proximité ; développer les coopérations, les services publics, démarchandiser le travail et garantir les droits fondamentaux que sont l’éducation, la formation, les transports, la santé, l’alimentation, la culture, la communication, en renforçant le service public ; relever les défis sociétaux que sont l’environnement et la biodiversité, la démographie et le vieillissement, l’aménagement du territoire avec le logement, les transports collectifs, tout comme le défi des inégalités, de l’accélération des mutations technologiques.
Pour la CGT, le territoire appartient au monde du travail. C’est là que nous vivons, c’est là que nous travaillons et c’est bien dans cette proximité du réel, du vécu, que nous devons être prioritairement présents dans l’action pour conduire les transformations nécessaires à la réponse aux besoins.
Les transformations se font désespérément attendre sur l’enjeu climatique, alors que les solutions existent et sont connues nous rappellent le dernier rapport du GIEC de ce 4 avril. Les scientifiques du GIEC le confirment, l’avenir de l’humanité passe par la sortie des énergies fossiles, et nous devons l’affirmer par une autre politique respectueuse de l’environnement et de l’humain producteur, en recherchant dans notre activité syndicale, comme nous l’a démontré Corinne de l’UD de l’Ain l’articulation du développement de l’industrie tout en agissant pour que les nécessaires transitions se conjuguent avec la justice sociale et environnementale.
Alors, oui, nous devons poursuivre nos efforts pour nous changer nous-mêmes, afin de concrètement poser la question du contenu, des valeurs, du sens et de la finalité du travail, de la créativité et de l’émancipation humaine, afin de dégager le travail de la financiarisation, de la marchandisation, cette vision comptable, pilotée par les tableurs Excel, tueuse de qualité et d’efficacité. Oui, reprendre la main sur le travail c’est porté la justice sociale, le développement humain durable, respectueux, de la biodiversité, de la planète comme déterminant de l’action.
Aussi ces transformations requestionnent notre rapport au temps, aux moyens de donner à la pensée une place à nouveau privilégiée. Aussi au commencement de tout, nous devons libérer du temps dans nos agendas pour soigner la qualité de notre vie syndicale, pour organiser la parole de nos collègues de travail, prioriser la syndicalisation et les échéances électorales pour donner du poids et de la force à notre action collective.
La culture la radio régionale CGT, podcasts de la Clameur pour déconstruire les idées d’extrême droite, sont de véritables outils pour encourager, enthousiasmer, donner envie, favoriser l’engagement, à l’exemple du témoignage de Sylvie.
Car par expérience, les travailleurs et leurs représentants savent mieux que quiconque ce qu’il convient de changer dans l’organisation de leur travail pour faire du bon travail, de qualité, pour répondre aux besoins et sécuriser leur emploi, leurs outils de travail, leur entreprise ou encore se réapproprier les moyens de productions, comme l’ont démontré les SCOPTI ou encore les travailleurs d’Oye Distribution dans le Rhône, les ACC, Général Electric, les ex salariés de LUXFER…Saluons la victoire des salariés de DASSAULT, qui viennent d’obtenir satisfaction sur l’ensemble de leurs revendications après de nombreux mois de grève.
Imposer que le monde du travail et ses représentants participent, aux choix des politiques publiques, aux choix des stratégies d’entreprises, dans le suivi et l’évaluation des politiques publiques, la conditionnalité, les contreparties des aides publiques aux entreprises et leur contrôle, comme la détermination de nouveaux indicateurs. Cette exigence légitime doit grandir dans toute notre organisation pour jeter les bases de la conquête d’un droit syndical interprofessionnel afin d’incarner un nouvel âge de la démocratie.
C’est pourquoi le travailler ensemble CGT est à la fois une nécessité, un défi et la voie de l’efficacité. Le travailler ensemble est révolutionnaire , enthousiasmant car il porte à nouveau l’esprit de conquête et l’émancipation comme déterminant de vie.
Et, là nous sommes bien au cœur de notre démarche syndicale, comme vous l’avez exprimé, qui trouve son sens dans la double besogne : du quotidien du carreau cassé, aux enjeux de transformation sociale, de l’indispensable nouvelle mise en sécurité sociale santé, professionnelle, environnementale et alimentaire du monde du travail, de la population tout entière.
Nous en connaissons l’urgence ! Notre société est malade, malade des méfaits d’une accumulation capitaliste bicentenaire qui, de façon exponentielle, gaspille ou épuise les ressources naturelles, compromet les équilibres dynamiques de la biosphère, étend sans cesse le champ de l’exploitation et l’emprise du profit à toutes les dimensions de la vie humaine. Ce n’est pas une maladie imaginaire relevant d’une « pédagogie » administrée par des élites condescendantes ou arrogantes ; ce n’est pas non plus, le symptôme d’un corps social entré en décomposition dont il ne reste qu’à faire table rase : il faut, pour y remédier, autre chose que des slogans ou des grimoires écrits en langue de bois.
Aussi, depuis les origines du syndicalisme, née CGT dans notre pays, nous avons toujours été au rendez-vous de l’histoire. Tous les terrains de l’institutionnel, à l’entreprise, des services publics à la place du village ont été et sont des lieux de luttes, de construction du rapport de force ! Arrêtons de nous épuiser dans de vaines polémiques sur la pureté militante. Nous sommes CGT partout, car nous sommes des révolutionnaires et nous avons d’autres combats à mener que de nous déchirer.
Donnons, redonnons leur pouvoir d’agir à chacune, chacun, libérons les intelligences, les énergies, la pensée. Dès lors que nous sommes convaincus et que nous travaillons collectivement nous pouvons déplacer des montagnes, même les volcans endormis d’Auvergne !
A deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, face au mépris de classe affiché par ce gouvernement, face à l’abandon des classes populaires préoccupés par leur quotidien et leur fin de mois de plus en plus difficiles, nombreux sont les travailleurs qui risquent de se détourner des urnes. La démocratie est mise à mal par ce président des riches et ses valets. Leurs reniements, leurs choix néolibéraux font le lit de la désespérance, de la fatalité, de l’extrême droite et de ses candidats. Le fascisme n’a jamais hésité à faire preuve de la plus grande démagogie sociale, à enfiler un costume social pour arriver à ses fins, pour sa conquête du pouvoir. Antifascistes hier comme aujourd’hui, la CGT combat et combattra sans relâche les idées racistes, xénophobes et haineuses, tout comme elle combattra sans relâche les atteintes aux droits et aux libertés syndicales, comme c’est le cas chez SPICER dans le Rhône. Lorsqu’un.e militant.e CGT est attaqué.e c’est toute l’organisation qui se serre les coudes, solidaire, rassemblée, pour faire front et ne jamais banaliser le mal, l’atteinte à nos droits et à nos libertés, au fait syndicale. Nous gagnerons chez Spicer, comme nous avons gagné dans l’Allier, le Puy de Dôme, le Rhône en rétablissant nos camarades Laurent, Christian Julien et tant d’autres dans leurs droits et leur dignité ! C’est cela la CGT : Liberté, égalité, fraternité.
Cher.e.s camarades, cette conférence a été remarquablement responsable travailleuse et attentive, empreinte de franchise et de tolérance, d’enthousiasme, de fraternité et d’émotions. Nous avons démontré que débattre ce n’est pas perdre son temps.
Je terminerai une phrase de Maurice Godelier « L’Homme n’est pas seulement un être qui s’adapte, il est un être qui s’invente. Les hommes ne se contentent pas de vivre en société, ils produisent de la société pour vivre ». Et soyons persuadés que notre CGT Aura, avec ses milliers de militantes et militants, de mandaté.e.s, avec ses dizaines de milliers d’adhérentes et d’adhérents, nous allons largement y contribuer pour « transformer le monde dans le sens du bonheur du tous » comme aimait le rappeler Georges Séguy.
Je vous remercie de votre attention
Vive notre conférence régionale et sa feuille de route
Vive la CGT !